Nouvelles de la CSILC

22 ans plus tard : L’impact persistant de la guerre au terrorisme sur les droits humains au Canada

Aujourd’hui, le 11 septembre 2023, marque le passage de 22 années depuis les attentats contre le World Trade Center et le Pentagone, ainsi que le début de la « guerre au terrorisme ».

De nombreuses lois et outils rapidement créés ou renforcés par la suite continuent aujourd’hui de violer les droits humains et libertés civiles. En outre, le Canada, ainsi que d’autres États, ont montré au cours des deux dernières décennies comment adapter les concepts de terrorisme, d’antiterrorisme et de sécurité nationale afin d’englober de plus en plus de domaines d’expression, d’association et de dissidence, s’engager dans la discrimination systémique et le profilage racial, religieux et politique, et s’immiscer dans nos vies grâce à une surveillance de plus en plus importante, compromettant le chiffrement et la protection de la vie privée.

Pour ces raisons, au cours des deux dernières décennies, la coalition de la CSILC a travaillé sans relâche pour résoudre les problèmes suivants, entre autres :

  • L’expansion continue des lois et des pouvoirs antiterroristes et de sécurité nationale
  • Les certificats de sécurité qui portent atteinte aux droits des non-Canadien.nes, notamment dans le cas de Mohamed Harkat
  • La loi sur l’extradition, notamment le cas de Hassan Diab
  • La criminalisation de la dissidence
  • L’utilisation de preuves secrètes devant les tribunaux, l’utilisation de renseignements comme preuve, les pouvoirs discrétionnaires croissants accordés aux agences de sécurité nationale et le fait que le SCRS induit les tribunaux en erreur.
  • La surveillance, la reconnaissance faciale et l’intelligence artificielle
  • L’impact des lois antiterroristes sur la fourniture de l’aide humanitaire et d’autres formes d’assistance internationale
  • La liste d’interdiction de vol et la liste d’entités terroristes
  • La complicité canadienne dans la détention indéfinie et la torture à l’étranger, y compris les Canadiens détenus dans le nord-est de la Syrie et l’absence de réparation dans les cas d’Abdullah Almalki, Ahmad El Maati, Muayyed Nureddin, Omar Khadr, Abousfian Abdelrazik et Mohamedou Ould Slahi
  • L’achat prévu de drones armés par le Canada
  • L’islamophobie systémique, y compris les vérifications préjudiciables de l’Agence du Revenu du Canada contre les organismes de bienfaisance musulmans, et les programmes douteux de lutte contre la radicalisation.

Pour plus de détails sur chacune de ces questions, consultez notre soumission de 2023 aux Nations Unies pour son 4e Examen périodique universel du Canada (en anglais seulement).

Cet automne, nous travaillerons spécifiquement sur les problématiques suivantes :

  • Le projet de loi C-20, qui créerait (enfin!) un organisme de surveillance indépendant pour l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et modifierait l’organisme de surveillance actuel de la GRC, mais qui doit être considérablement renforcé
  • Le projet de loi C-27, qui créerait la nouvelle Loi sur l’intelligence artificielle et les données (AIDA), est fondamentalement problématique, ne répond pas aux préoccupations en matière de droits humains et exemptant explicitement les outils d’IA de sécurité nationale de toute réglementation, entre autres préoccupations
  • La mise en œuvre du projet de loi C-41, qui vise à faciliter la fourniture d’une aide internationale au développement et d’une aide humanitaire dans les régions contrôlées par des « groupes terroristes » mal définis, mais qui soulève d’importantes préoccupations quant à la sécurisation de l’aide, la surveillance et le respect du droit international humanitaire
  • Le rapatriement complet des Canadien.nes ainsi que des mères non canadiennes d’enfants canadien.nes détenu.es dans le nord-est de la Syrie
  • Veiller à ce que le projet de loi C-26 proposé, qui vise à accroître la cybersécurité, comprenne un organisme de responsabilisation indépendant et ne conduise pas à l’expansion de la surveillance gouvernementale
  • Justice pour Hassan Diab et Mohamed Harkat
  • Plaider pour une réforme du régime canadien de lutte contre le financement du terrorisme, y compris l’élimination de la discrimination systémique des organisations musulmanes
  • Veiller à ce que la législation à venir sur les « préjudices en ligne » ne viole pas les libertés fondamentales, n’étende pas la surveillance en ligne ou n’exacerbe pas la réduction au silence des voix racialisées et marginalisées
  • La réglementation, y compris l’interdiction pure et simple, des outils de surveillance tels que la technologie de reconnaissance faciale
  • Travailler avec la Coalition de la société civile sur les droits humains et la lutte contre le terrorisme au niveau international
  • Et plus encore!

Si vous le pouvez, SVP considérez soutenir notre travail de protection des libertés civiles en faisant un don unique ou un don mensuel (et obtenez des récompenses!) :

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Merci!

Ce que nous avons fait jusqu’à présent en 2023: Aidez-nous à protéger les libertés civiles pour le reste de l’année!

Credit: Tom Bastin/Flickr CC BY 2.0

Projet de loi C-20, Loi sur la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public

Le projet de loi C-20 créerait un nouvel organisme d’examen indépendant pour la GRC et l’ASFC, le tout premier pour l’ASFC. La CSILC a :

  • Organisé des réunions avec des organisations partenaires et membres pour coordonner la stratégie
  • Rencontré la députée libérale et secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique Pam Damoff pour discuter de notre point de vue sur le projet de loi
  • Rencontré les membres actuels de la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC pour discuter de leur fonctionnement et de leur point de vue sur le projet de loi
  • Soumis un mémoire au Comité permanent de la sécurité publique de la Chambre des communes, avec un accent particulier sur les examens et les plaintes en matière de sécurité nationale
  • Envoyé une lettre ouverte conjointe signée par des organisations d’immigration, de réfugié.es, juridiques, des droits humains et des libertés civiles pour faire part de leurs préoccupations concernant le manque de consultation de la société civile et d’invitations aux audiences du comité

Projet de loi C-26, Loi sur la cybersécurité et modifiant la Loi sur les télécommunications

Les vastes pouvoirs accordés aux ministres du gouvernement dans ce projet de loi soulèvent des inquiétudes quant au potentiel de surveillance secrète, surtout compte tenu du rôle du Centre de la sécurité des télécommunications (CST) dans la protection de la cybersécurité au Canada. La CSILC a :

  • Formé un partenariat avec d’autres groupes pour analyser le projet de loi et élaborer des stratégies de plaidoyer
  • Organisé une rencontre avec la députée du BQ et porte-parole en matière de sécurité publique Kristina Michaud avec d’autres groupes de la société civile
  • Participé à une table ronde avec le personnel du Commissariat à la protection de la vie privée du Canada
  • Fourni des commentaires et signé des recommandations conjointes pour des amendements au projet de loi

Projet de loi C-27, Loi de 2022 pour la mise en œuvre de la Charte numérique

Le projet de loi C-27 est la mise à jour, promise depuis longtemps par le gouvernement, de la loi canadienne sur la protection de la vie privée dans le secteur privé, et promulguerait une nouvelle Loi sur l’intelligence artificielle et les données (AIDA) qui soulève des préoccupations majeures compte tenu de l’utilisation croissante de l’IA dans le capitalisme de surveillance et la surveillance gouvernementale. La CSILC a :

  • Analysé et entamé la rédaction d’un mémoire sur le projet de loi
  • Rencontré le Centre européen pour le droit des organisations à but non lucratif, qui a travaillé à l’élaboration d’une loi similaire au sein de l’UE
  • Co-organisé une lettre conjointe appelant les partis à voter contre l’AIDA
  • Rencontré le personnel du porte-parole du NPD en matière d’industrie pour discuter de stratégie
  • Été invité à présenter notre analyse du projet de loi sur un panel et participé à un atelier sur invitation seulement sur la politique de l’IA au Canada à l’Université Concordia

Projet de loi C-41 : L’aide internationale et les lois antiterroristes

L’aide humanitaire et l’assistance internationale sont généralement entravées par les lois antiterroristes du Canada, en particulier en Afghanistan – un risque contre lequel la CSILC a mis en garde depuis très longtemps. En 2023, le gouvernement a déposé le projet de loi C-41 pour soi-disant régler le problème en modifiant le Code criminel. Malgré plusieurs lacunes qui subsistent, le projet de loi a récemment reçu la sanction royale. Sur ce sujet, la CSILC a :

  • Travaillé aux côtés de la campagne d’aide à l’Afghanistan et d’autres groupes partenaires pour demander au gouvernement d’autoriser les organisations humanitaires canadiennes à opérer dans le pays
  • Participé au groupe de travail de la campagne sur l’élaboration de modifications législatives pour régler le problème, notamment en créant une exception dans les dispositions antiterroristes du Code criminel
  • Rencontré le directeur des politiques du ministre de la Sécurité publique
  • Rencontré le personnel du bureau de la députée néo-démocrate Heather McPherson pour discuter amendements et stratégie
  • Déposé un mémoire au Comité permanent de la justice et des droits humains pour son étude du projet de loi : version intégrale (en anglais seulement); version abrégée (en français)
  • Publié une déclaration aux médias en réaction au dépôt du projet de loi C-41 ainsi qu’une déclaration soulignant les préoccupations qui subsistent concernant l’aide internationale non humanitaire après que le projet de loi ait reçu la sanction royale

Aidez-nous à lutter pour la justice et les droits
humains. SVP donnez à la CSILC!

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Déclaration de la société civile sur le projet de loi C-20

13 juin, 2023

Bien que le projet de loi C-20 soit une mesure cruciale pour assurer une plus grande responsabilisation de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) et de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), les organismes soussignés sont profondément troublés par le manque de consultation ou d’engagement du gouvernement fédéral avec les principaux acteurs de la société civile dans l’élaboration de cet important projet de loi, à la fois avant qu’il ne soit déposé et au cours de son cheminement à travers la législature.

Le projet de loi C-20 : Loi établissant la Commission d’examen et de traitement des plaintes du public et modifiant certaines lois et textes réglementaires est un projet de loi longuement attendu qui tente de répondre à la demande de longue date de créer un processus indépendant de révision et d’examen des plaintes pour les activités de l’ASFC et d’apporter des changements au processus de révision de la GRC – en fusionnant les deux sous une Commission d’examen et de traitement des plaintes du public (Commission).

Les signataires de cette déclaration sont des groupes bien établis et reconnus, dirigés par et représentant les personnes et les communautés les plus touchées par l’ASFC et la GRC, y compris les personnes et communautés autochtones, noires et autrement racisées. Nous possédons des décennies d’expertise dans les domaines du droit de l’immigration et des réfugié.es, du droit pénal, des droits humains, du droit international, des libertés civiles et de la sécurité nationale, pour n’en citer que quelques-uns.

L’expertise collective de nos groupes peut aider le gouvernement fédéral à remplir le mandat de ce projet de loi, exprimé par le ministre de la Sécurité publique en novembre 2022, à savoir : renforcer la responsabilisation indépendante et combattre le racisme et la discrimination systémiques. Malgré son objectif déclaré de favoriser la responsabilisation, le gouvernement l’esquive en ne consultant pas correctement les communautés que nous représentons et en ne les incluant pas dans le processus démocratique d’élaboration des lois.

Le projet de loi C-20 présente de nombreuses lacunes. Les aspects qui doivent être abordés comprennent :

  • la nécessité de garantir l’indépendance des activités de la Commission;
  • l’accès indépendant de la Commission à l’information;
  • la nécessité de garantir l’existence d’un mécanisme de plaintes sur les questions systémiques;
  • les plaintes de tiers; et
  • l’élargissement des pouvoirs de réparation et de recours de la Commission.

En annexe de cette déclaration se trouve un résumé des principales recommandations de nos mémoires soumis au Comité permanent de la sécurité publique et nationale, indiquant comment le projet de loi C-20 peut être modifié afin de répondre à l’objectif et au mandat qui lui sont assignés.

La prise en compte de nos mémoires et des questions que nous soulevons ne dépend pas de nous. Bien que nous ayons bon espoir, il est clair, vu le manque d’engagement sur cette question, que le gouvernement risque de rendre la Commission une coquille vide qui reproduira ou même exacerbera les problèmes existants de l’ASFC et de la GRC.

Nous demandons instamment au Comité permanent de prendre en considération les recommandations présentées dans les divers mémoires présentés par nos groupes et d’intégrer les amendements que nous proposons. Nous accueillons toute possibilité de nous adresser aux membres du Comité permanent et de répondre à leurs questions.

Signée par :

Association canadienne des libertés civiles
Amnesty International Canada (anglophone)
Amnistie internationale Canada (francophone)
British Columbia Civil Liberties Association
Association canadienne des avocats en immigration
Association canadienne des avocats musulmans
Canadian Muslim Public Affairs Council
Conseil canadien pour les réfugiés
Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles

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