Author Archives: ICLMG CSILC

Des acteurs clés réclament le retrait de la loi controversée sur l’intelligence artificielle

Le Parlement ne peut pas corriger le projet de loi précipité, confus et vicié que le ministre a présenté; une consultation publique en bonne et due forme est requise sans tarder.

Le 24 avril 2024 — Aujourd’hui, une soixantaine d’organisations de la société civile, d’entreprises, de spécialistes et d’universitaires de premier plan ont adressé une lettre ouverte au ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, l’honorable François-Philippe Champagne, dans laquelle ils réclament le retrait de la Loi sur l’intelligence artificielle et les données (LIAD) et la tenue d’une consultation publique en bonne et due forme. La LIAD est actuellement intégrée au projet de loi C-27 sur la protection de la vie privée émanant du gouvernement, ce qui a donné lieu à ce que les signataires décrivent dans leur lettre comme un examen « effectué à la hâte et de façon précipitée dans un climat de confusion » par le Comité permanent de l’industrie et de la technologie de la Chambre des communes, se soldant par « un projet de loi gravement et fondamentalement vicié, dépourvu de légitimité démocratique ».

La lettre ouverte critique vivement le fait que le gouvernement ait introduit la LIAD sans entreprendre le processus de consultation publique ouvert qui s’impose pour une loi aussi lourde de conséquences. Les parties prenantes n’ont pas eu l’occasion d’entendre le gouvernement s’expliquer sur ses intentions ni d’exprimer leurs préoccupations et leurs attentes relatives aux mesures législatives en matière d’intelligence artificielle, avant qu’elles ne soient introduites. De plus, le premier jour de l’examen en comité, le gouvernement a promis d’apporter des modifications substantielles à une grande partie de la LIAD, prenant au dépourvu à la fois les parties prenantes qui tentaient d’y participer et les députés qui siègent au comité. Certaines parties prenantes ont été contraintes de remanier et de soumettre à nouveau leurs observations en réponse à la nouvelle proposition, tandis que d’autres, privées de la possibilité de livrer officiellement leurs commentaires, ont soulevé des questions de fond sur la formulation et les objectifs actuels de la LIAD, qui restent sans réponse.

La lettre ouverte fait suite aux communications adressées au ministre en septembre et en décembre dans lesquelles de sérieuses réserves étaient soulevées. Le nombre de signataires a augmenté substantiellement en comparaison des lettres précédentes. Représentant un large éventail de groupes de la société civile, de groupes de réflexion et d’entreprises, ces signataires demandent au gouvernement :

  • de retirer la LIAD du projet de loi C-27 et de lancer une consultation publique approfondie et inclusive qui prévoit suffisamment de temps pour que les arguments de toutes les parties prenantes soient entendus et pris en considération;
  • de présenter une version révisée et améliorée de la LIAD qui répond aux préoccupations soulevées dès le départ.

Certains signataires de la lettre adressée aujourd’hui se sont également prononcés en faveur de l’ensemble des recommandations prioritaires publiées en mars 2024 qui correspondent au strict minimum nécessaire pour la modification de la LIAD dans le cas où le gouvernement s’obstinerait à faire adopter rapidement le projet de loi dans son état actuel.

La lettre ouverte publiée aujourd’hui donne suite à l’annonce d’un financement de 5,1 millions de dollars accordé au commissariat à l’intelligence artificielle et aux données que propose la LIAD, ce qui représente le huitième seulement de celui alloué au Commissariat à la protection de la vie privée du Canada. Ce montant paraît également dérisoire si on le compare à l’investissement de 2 milliards de dollars prévu dans le budget du gouvernement pour stimuler l’industrie de l’intelligence artificielle, une démonstration évidente de la discordance des priorités du gouvernement en la matière.

Au cours des deux dernières années, plus de 20 000 signatures et lettres ont été transmises à de hauts responsables du gouvernement pour réclamer des mesures législatives efficaces permettant d’aborder les répercussions de l’intelligence artificielle et de la reconnaissance faciale. Depuis novembre 2021, plus de 34 000 signatures ont été recueillies sur des pétitions lancées par OpenMedia pour réclamer de nouvelles lois sur la protection de la vie privée au Canada, et plus de 17 800 messages ont été envoyés au gouvernement pour réclamer l’amélioration des mécanismes de protection de la vie privée.

La lettre commune a été signée par :

Organisations :

  1. Action Mines Canada
  2. Amnesty International Section canadienne (anglophone)
  3. Association canadienne des libertés civiles
  4. Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique
  5. Centre pour la liberté d’expression
  6. Centre pour les droits numériques
  7. Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles
  8. Conseil canadien de la protection de la vie privée et de l’accès à l’information
  9. Conseil canadien des affaires publiques musulmanes
  10. Digital Public
  11. Fédération canado-arabe
  12. Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
  13. Institut des armes à feu pour l’éducation rationnelle
  14. Institut Macdonald-Laurier
  15. Institut Rideau des affaires internationales
  16. Inter Pares
  17. Just Peace Advocates/Mouvement pour une paix juste
  18. Ligue des droits et libertés
  19. NSTP Consulting Corp.
  20. OpenMedia
  21. Programme de communication, Collège Glendon, Université de York
  22. Response Marketing Association
  23. Syndicat national des employés généraux et du secteur public (SNEGSP)
  24. Tech Reset Canada

Personnes :

  1. Alessandra Renzi, professeure agrégée, Université Concordia
  2. Alexandra Flynn, professeure agrégée, Université de la Colombie-Britannique
  3. Andrew Clement, professeur émérite, University de Toronto
  4. Azeezah Kanji, professeur de droit et journaliste
  5. Bianca Wylie, rédactrice et promotrice des technologies publiques
  6. Blayne Haggart, professeur agrégé, Département de sciences politiques, Université Brock
  7. Brenda McPhail, Programme de politique publique, Université McMaster
  8. Christelle Tessono, chercheuse en politique technologique, Université de Toronto
  9. Colin Bennett, Université de Victoria
  10. Daniel Konikoff, Université de Toronto
  11. Evan Light, professeur agrégé, Université York
  12. Fenwick McKelvey, professeur agrégé, Université Concordia
  13. Jane Bailey, professeure, Université d’Ottawa, Faculté de droit
  14. Joanna Redden, professeure agrégée, Université Western
  15. Jonathan Obar, professeur agrégé, Université York
  16. Jonathan Roberge, professeure titulaire, INRS
  17. Kate Milberry
  18. Kate Tillecczek, Université York
  19. Kristen Thomasen, professeure adjointe, Université de la Colombie-Britannique
  20. Leslie Shade, Faculté d’information, Université de Toronto
  21. Luke Stark, professeur adjoint, Université Western
  22. Mariette Pilon, avocate, membre du Barreau du Québec
  23. Mary Ott, professeure adjointe, Université York
  24. Matt Malone, professeur adjoint, Université Thompson Rivers
  25. Natasha Tusikov, professeure agrégée, Département des sciences sociales, Université York
  26. Nicole St-Pierre, présidente, NSTP Consulting Corp.
  27. Nkechi E. Agugoesi, avocat ayant une formation en droit international
  28. ​​Ori Freiman, Digital Society Lab, Université McMaster
  29. Sara M. Grimes, professeure, Université de Toronto
  30. Sava Saheli Singh, Université York
  31. Sharon Polsky, présidente, Conseil du Canada de l’accès et la vie privée
  32. Spencer Izen, chercheur, B.C. Freedom of Information and Privacy Association
  33. Sun-ha Hong, professeur adjoint, Université Simon Fraser
  34. Tamir Israel, avocat spécialisé en technologie et droits de la personne

Citations :

« Il est essentiel de veiller à ce que les outils pour l’intelligence artificielle, en particulier ceux qui sont susceptibles de comporter des conséquences importantes sur des domaines cruciaux et sensibles de la vie des gens, soient correctement encadrés par la loi. Cela s’applique particulièrement à ceux qui sont utilisés par les forces de l’ordre et les agences de sécurité nationale. L’absence de consultations publiques par le gouvernement sur ce projet de loi dénote que ces conséquences ne sont pas prises en considération d’une manière adéquate. La LIAD n’est pas à la hauteur et doit être retirée. » — Tim McSorley, coordonnateur national de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles

 « L’intelligence artificielle est peut-être l’un des développements les plus importants de l’époque où nous vivons. Il est capital par conséquent que notre gouvernement instaure une réglementation efficace, plutôt que d’être le premier à le faire. Depuis son dépôt au Parlement, le projet de loi a été largement remanié par les amendements mêmes du gouvernement. Des parties prenantes majeures de la société civile et du milieu des affaires nous apprennent qu’après l’élaboration de la LIAD, leurs observations ont été sollicitées à la hâte, pour ne pas dire jamais. Nous pensons que la population canadienne mérite un processus plus rigoureux et réfléchi qui rend compte publiquement et pleinement des observations présentées. » — Matt Hatfield, directeur général, OpenMedia

« La LIAD est un désastre pour la vie privée et les droits de la personne. Le processus parlementaire est un désastre pour la démocratie et la réconciliation. » — Noa Mendelsohn Aviv, directeur général, Association canadienne des libertés civiles

« Le ministre de l’Industrie a introduit la LIAD en l’absence de toute consultation publique, que ce soit avec des spécialistes indépendants ou avec la population canadienne de façon plus générale, ce qui a donné lieu à une loi hautement discutable qui comporte des conséquences négatives considérables. Les amendements proposés récemment par le ministre semblent reposer principalement sur les résultats de rencontres avec des initiés de l’industrie; pas une seule rencontre n’a eu lieu avec des organisations qui représentent les intérêts des personnes les plus susceptibles d’être affectées par les applications de l’intelligence artificielle. On ne s’étonnera donc pas que le projet de loi remanié n’en corrige pas les lacunes fondamentales. Il est indispensable de remettre les compteurs à zéro dans le cadre d’un processus démocratique crédible. » — Andrew Clement, professeur émérite, Université de Toronto

« Les mesures législatives en matière d’intelligence artificielle doivent traiter le respect de la vie privée comme un droit fondamental et l’énoncer comme principe directeur. Dans la LIAD, il a été pris en compte après coup. La population canadienne mérite mieux, c’est-à-dire une loi plus rigoureuse sur laquelle seul un processus rigoureux peut déboucher. — Aislin Jackson, avocate-conseil, BC Civil Liberties Association

« Il faut tenir de nouvelles consultations, d’abord parce que c’est la chose à faire, mais surtout parce que nous vivons un moment charnière où les citoyens remettent de plus en plus en question les pratiques démocratiques. » — Nicole St-Pierre, présidente, NSTP Consulting Corp.

« Cette lettre ouverte est un appel collectif pour que la LIAD soit retirée du projet de loi C-27 et reformulée. Il ne s’agit pas seulement d’améliorer l’intégrité de la procédure, mais aussi de veiller à ce que la loi soit élaborée de manière à incarner la sagesse de la mosaïque canadienne. Des consultations supplémentaires s’imposent. Lorsqu’il est question d’intelligence artificielle, il vaut mieux une loi sage qu’une loi irréfléchie adoptée avec précipitation. » — Ori Freiman, Digital Society Lab, Université McMaster 

– 30 –

Relations avec les médias

Tim McSorley
Coordonnateur national, Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles
1-613-241-5298
nationalcoordination@iclmg.ca

Matt Hatfield
Directeur général, OpenMedia
1-888-441-2640, poste 0
matt@openmedia.org

Aislin Jackson
BC Civil Liberties Association
1-604-687-2919, poste 116
aislin@bccla.org

John Lawford
Directeur général, Le Centre pour la défense de l’intérêt public
1-613-562-4002
jlawford@piac.ca 

Andrew Clement
Professeur émérite, Université de Toronto
1-250-526-3029
andrew.clement@utoronto.ca

Puisque vous êtes ici…

… nous avons une faveur à vous demander. À la CSILC, nous travaillons sans relâche afin de protéger et promouvoir les droits humains et les libertés civiles dans le contexte de la soi-disant “guerre au terrorisme” au Canada. Nous ne recevons aucune aide financière des gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral, ni d’aucun parti politique.Vous pouvez devenir notre mécène sur Patreon et recevoir des récompenses en échange de votre soutien. Vous pouvez donner aussi peu que 1$ par mois (c’est seulement 12$ par année!) et vous pouvez vous désabonner en tout temps. Tout don nous aidera à poursuivre notre travail.support-usVous pouvez également faire un don unique ou donner mensuellement par Paypal en cliquant sur le bouton ci-dessous. Vous hésitez à donner? Consulter la page sur nos nombreuses Réalisations et Acquis depuis 2002. Merci de votre générosité!

Pour #MardiJeDonne 2023, svp aidez-nous à lutter pour les libertés civiles!

C’est encore #MardiJeDonne! Cette année, nous espérons que, dans le contexte de ce mouvement de générosité, vous souhaiterez soutenir le travail de la CSILC visant à défendre les libertés civiles contre l’impact négatif des lois et activités antiterroristes et en matière de sécurité nationale, y compris la surveillance, le profilage racial et politique, et la complicité dans la torture à l’étranger.

Nous ne recevons aucun soutien des gouvernements et comptons sur des personnes comme vous pour poursuivre notre travail.

N’en dites pas plus, je soutiens la CSILC!

JE DONNE!

Cette année, nous avons remporté des gains importants!

  • L’Office de surveillance des activités en matière de sécurité nationale et de renseignement a décidé de mener un examen des vérifications de l’Agence du Revenu du Canada auprès des organismes de bienfaisance musulmans – une recommandation clé de notre rapport de 2021.
  • Nous avons envoyé une lettre urgente au ministre de l’Immigration, lui demandant d’arrêter la déportation du Dr Ezzat Gouda vers une condamnation à mort en Égypte après un procès politique et inéquitable in abstentia. Nous avons été soulagé.es d’apprendre qu’il n’avait pas été déporté.
  • Nous avons pu obtenir, aux côtés de plusieurs partenaires, des amendements importants au projet de loi C-20, qui vise à créer un organisme d’examen indépendant pour l’Agence des services frontaliers du Canada, attendu depuis longtemps.
  • Nous avons participé aux efforts visant à obtenir une exemption cruciale au projet de loi C-41 – autorisant l’aide humanitaire aux populations dans le besoin dans les zones contrôlées par des groupes considérés comme terroristes par le gouvernement canadien; par exemple, en Afghanistan.
  • Nous avons reçu le prix « Ami de la communauté » de l’Association musulmane du Canada pour notre travail contre l’islamophobie et notre lutte pour la justice.

Les Canadien.nes sont encore confronté.es à de nombreux défis et nous avons besoin de votre soutien pour lutter pour nos droits!

  • Nous constatons de plus en plus de menaces à la liberté d’expression et à la dissidence, ainsi que des cas d’islamophobie et de racisme anti-palestinien, au Canada et à l’étranger – y compris l’équation erronée, et souvent malicieuse, des appels à un cessez-le-feu à Gaza et à la protection des droits et des vies des Palestinien.nes avec le soutien au terrorisme.
  • Il y a encore au moins 25 Canadien.nes, dont une majorité d’enfants, détenu.es arbitrairement dans des conditions similaires à la torture dans le nord-est de la Syrie.
  • Les agences de renseignement font pression pour obtenir davantage de pouvoirs de surveillance.
  • Les nouvelles règles fédérales proposées ne freineront pas les systèmes dangereux d’intelligence artificielle.

D’accord, je donne pour protéger les libertés civiles!

DONNER

Merci énormément pour votre soutien!

Xan & Tim

La législation canadienne sur la technologie de reconnaissance faciale est dangereuse, affirment des groupes de la société civile et des universitaires

Right2YourFace | Direction Informatique

Le 1er novembre 2023, la Coalition Right2YourFace – un groupe d’éminents organismes de la société civile et d’universitaires – a envoyé la lettre ci-dessous au ministre de la Sécurité publique, au ministre de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie et à d’autres parties concernées, déclarant que le nouveau projet de loi du gouvernement en matière de protection de la vie privée et d’IA ne suffit pas et sera dangereux pour les Canadien.nes.

Veuillez agir pour protéger les Canadien.nes contre la technologie de reconnaissance faciale!

ACTION

Lettre transpartisane sur l’incidence du projet de loi C-27 sur la surveillance des technologies de reconnaissance faciale

À la veille de l’étude du projet de loi C-27 par le Comité permanent de l’industrie et de la technologie (INDU), la coalition Right2YourFace exprime ses profondes préoccupations quant aux implications du projet de loi C-27 pour la surveillance de la technologie de reconnaissance faciale (TRF) au Canada.

La TRF est un type de technologie de reconnaissance biométrique qui fait appel aux algorithmes d’intelligence artificielle (IA) et à d’autres outils informatiques ostensiblement pour identifier des personnes d’après les traits de leur visage. Les chercheurs ont constaté que ces outils technologiques sont parmi les plus envahissants qui soient. Les données biométriques, comme nos visages, sont des types de renseignements sensibles en soi. Comme nous l’avons mentionné dans notre lettre de préoccupation transpartisane concernant la réponse du gouvernement au Rapport sur la technologie de reconnaissance faciale et le pouvoir grandissant de l’intelligence artificielle de l’ETHI, le recours à la TRF menace les droits de la personne, les principes d’équité et les libertés fondamentales, notamment le droit à la vie privée, la liberté d’association, la liberté de réunion et le droit à la non-discrimination. Les systèmes d’IA sont adoptés à un rythme de plus en plus rapide et le Canada a besoin d’une mesure législative significative pour prévenir les préjudices causés par la TRF. Dans sa formule actuelle, le projet de loi C-27 n’est pas cette mesure. Il n’est pas adapté à l’objectif visé et nécessite des modifications importantes.

Le projet de loi C-27 comprend trois parties et nos préoccupations portent principalement sur deux d’entre elles : la Loi sur la protection de la vie privée des consommateurs (LPVPC) et la Loi sur l’intelligence artificielle et les données (LIAD). La LPVPC énonce les règles relatives à la collecte, à l’utilisation et à la confidentialité des données qui s’appliquent aux mises en œuvre régies par la Loi sur l’intelligence artificielle et les données (LIAD). Si la LIAD régit des applications comme la TRF, la LPVPC régit la collecte et l’utilisation des ensembles de données sur lesquels les systèmes de TRF s’appuient. Par conséquent, nous estimons que la LPVPC et la LIAD doivent être modifiées afin de protéger pleinement les renseignements biométriques vulnérables.

Nous avons recensé cinq problèmes fondamentaux liés au projet de loi, y compris des éléments de la LPVPC et de la LIAD, qui requièrent une attention immédiate afin d’éviter des préjudices importants. Ce sont les suivants :

  1. La LPVPC ne considère pas les renseignements biométriques comme des renseignements sensibles et ne définit pas du tout ce qu’est un « renseignement sensible ». Cette omission laisse certains de nos renseignements les plus précieux et les plus vulnérables – y compris notre visage qui doit être protégé par le droit – sans protection adéquate.
  2. L’exemption prévue par la LPVPC pour les « besoins commerciaux légitimes » est trop large et ne protégera pas les consommateurs contre les entités privées qui souhaitent utiliser la TRF.
  3. L’expression « système à incidence élevée » n’est pas définie dans la LIAD. En reportant la définition de ce concept essentiel dans les règlements, on prive les Canadiens d’une base significative pour évaluer l’incidence de la loi, et la TRF doit en faire partie.
  4. La LIAD ne s’applique pas aux institutions gouvernementales, y compris les agences de sécurité nationale qui utilisent l’IA à des fins de surveillance, et exempte les technologies d’IA du secteur privé mises au point pour être utilisées par ces agences de sécurité nationale, ce qui crée un déséquilibre de pouvoir sans précédent.
  5. La LIAD se concentre sur le concept de préjudice individuel, ce qui exclut l’incidence de la TRF sur les collectivités dans leur ensemble.

Les renseignements biométriques sont des renseignements sensibles et doivent être définis comme tels

Toutes les données ne sont pas construites de la même manière et il n’existe pas de traitement universel de celles-ci. Les renseignements biométriques sont une forme particulièrement sensible de renseignements qui touchent au cœur de l’identité d’un individu. Ils comprennent, entre autres, les données faciales, les empreintes digitales et les modèles vocaux, et comportent un risque particulier de préjugés raciaux et sexistes. Les renseignements biométriques doivent être considérés comme des renseignements sensibles et bénéficier des protections appropriées. Bien que la LPVPC mentionne les renseignements sensibles en référence aux renseignements personnels des mineurs, le texte de la loi ne les définit pas et ne les protège pas. Certains de nos renseignements identifiables les plus précieux et les plus vulnérables ne bénéficient donc pas d’une protection adéquate. La LPVPC devrait prévoir des dispositions particulières pour les renseignements sensibles, et sa définition devrait explicitement prévoir une protection renforcée des données biométriques – étant entendu que les données biométriques les plus sûres sont les données biométriques qui n’existent pas.

La notion de « besoins commerciaux légitimes » doit être mieux définie pour éviter les abus

L’article 12, paragraphe 2, de la LPVPC stipule que les fins qui « correspondent à des besoins commerciaux légitimes de l’organisation » sont des fins acceptables pour collecter des renseignements sur l’utilisateur à son insu ou sans son consentement. Il n’est pas difficile de voir des entreprises présenter leur utilisation de la TRF comme étant au service d’objectifs commerciaux légitimes tels que la prévention des pertes, ce qui est déjà le cas dans le secteur privé bien qu’il soit établi qu’il s’agit d’une violation de la Loi sur la protection des renseignements personnels du Canada. Il est inquiétant de constater que l’échappatoire de la LCVPC concernant les besoins commerciaux légitimes fait pencher la balance en faveur des entreprises plutôt que de la vie privée, suggérant que le droit à la vie privée des individus est moins important que le profit.

Il devrait être clairement établi que les droits et les libertés d’une personne doivent être adéquatement pris en considération. La disposition 5 de la LPVPC stipule que l’objectif de la loi est d’établir « des règles régissant la protection des renseignements personnels ». Les entreprises, par conséquent, ne devraient pas avoir carte blanche pour décider que leur utilisation de la TRF – et les risques pour la protection des renseignements personnels qui accompagnent l’utilisation et la collecte de ces données très sensibles – est légitime et que les données biométriques peuvent être collectées à l’insu de l’intéressé ou sans son consentement.

Qu’est-ce qu’un système à incidence élevée?

La LIAD impose des mesures supplémentaires aux « systèmes à incidence élevée », exigeant de leurs administrateurs qu’ils « évaluent et atténuent les risques de préjudices ou de résultats biaisés ». Étant donné que la TRF et les systèmes d’IA qui lui sont associés ont la capacité d’identifier des personnes à partir des renseignements biométriques susmentionnés, la TRF doit être considérée comme ayant une incidence élevée. Cependant, la loi ne donne aucune définition de ce qui constitue une incidence élevée, laissant cette étape cruciale à la réglementation.

L’analyse fondée sur le risque associé aux systèmes à incidence élevée suggérée par la formulation de la LIAD nous mène sur la mauvaise voie. Le système de distribution de bons de réduction d’un magasin d’alimentation serait-il considéré comme ayant une incidence élevée et nécessiterait-il donc une évaluation et une atténuation des risques de dommages ou de résultats biaisés? Et si ce système utilisait la TRF? Ce qui peut sembler être un système de distribution de bons à faible incidence peut en fait incorporer et collecter des données biométriques. Compte tenu des risques et des préjudices que la TRF fait peser sur les droits de la personne et les libertés fondamentales, les incidences de la TRF sont à la fois élevées et dangereuses.

Une analyse fondée sur les droits doit accompagner les calculs fondés sur les risques. Une définition des systèmes à incidence élevée englobant la TFR et d’autres technologies d’identification biométrique doit être incluse dans le projet de loi lui-même.

La Sécurité nationale est absente du projet de loi, mais elle doit être abordée dans le cadre de celui-ci

L’article 3, paragraphe 2, de la LPVPC stipule que la loi ne s’applique pas aux « à l’égard des produits, services ou activités qui relèvent de la compétence ou de l’autorité » d’institutions gouvernementales, notamment le ministère de la Défense nationale (MDN), le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), le Centre de la sécurité des télécommunications (CST), ou de « toute autre personne qui est responsable d’un ministère ou d’un organisme fédéral ou provincial et qui est désignée par règlement ». En clair, les technologies du secteur privé mises au point pour être utilisées par l’une ou l’autre de ces institutions sont exclues du champ d’application de la LIAD. Étant donné le lien entre la TRF et les systèmes de surveillance et d’IA plus larges, l’exclusion du MDN, du SCRS et du CST – trois piliers de l’infrastructure de surveillance du Canada – de la LIAD laisse place à des violations flagrantes de la vie privée au nom de la sécurité de l’État.

De plus, l’alinéa 3(2)d) donne au législateur la possibilité d’exclure le ministère ou l’agence de son choix à tout moment après l’adoption de la LIAD. Cela va à l’encontre de la notion de gouvernement responsable et entraîne le risque que d’autres organisations et ministères utilisant ou souhaitant utiliser la TRF échappent à une réglementation significative et à une consultation publique.

Le préjudice collectif – et pas seulement individuel – doit être pris en considération

Si la protection des données individuelles est au cœur de la LIAD, le Parlement ne doit pas oublier que l’IA en général et la TRF en particulier reposent sur des données collectives susceptibles de causer des préjudices collectifs à la société. Les systèmes de TRF sont systématiquement moins précis pour les personnes racialisées, les enfants, les personnes âgées, les membres de la communauté LGBTQ+ et les personnes handicapées, ce qui est en contradiction directe avec l’intention du projet de loi C-27 de limiter les résultats biaisés. Cela rend d’autant plus nécessaire l’inclusion du préjudice collectif dans le projet de loi C-27.

Observations finales

Les questions susmentionnées ne sont en aucun cas exhaustives, mais constituent des problèmes cruciaux associés à l’échec du projet de loi C-27 de protéger les individus et les collectivités contre les risques de la TRF. Si nous convenons que les protections de la vie privée au Canada doivent répondre aux besoins d’un paysage numérique en constante évolution, les changements législatifs et politiques ne peuvent se faire au détriment des droits de la personne fondamentaux ou de protections significatives des renseignements personnels. Le Parlement doit s’attaquer sérieusement à ces problèmes flagrants. Ensemble, nous pouvons œuvrer en faveur d’un paysage numérique qui privilégie la protection des renseignements personnels, la dignité et les droits de la personne plutôt que le profit.

Nous vous prions d’agréer l’expression de notre considération respectueuse.

Association canadienne des libertés civiles

Conseil du Canada de l’accès à la vie privée

Ligue des droits et libertés

Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles

Projet d’éducation sur la criminalisation et la punition

The Dais à Toronto Metropolitan University

Digital Public

Tech Reset Canada

BC Freedom of Information and Privacy Association

Voyez la liste complète des signataires ici (sous la version anglaise).

Visionnez la conférence de presse ici.

Puisque vous êtes ici…

… nous avons une faveur à vous demander. À la CSILC, nous travaillons sans relâche afin de protéger et promouvoir les droits humains et les libertés civiles dans le contexte de la soi-disant “guerre au terrorisme” au Canada. Nous ne recevons aucune aide financière des gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral, ni d’aucun parti politique.Vous pouvez devenir notre mécène sur Patreon et recevoir des récompenses en échange de votre soutien. Vous pouvez donner aussi peu que 1$ par mois (c’est seulement 12$ par année!) et vous pouvez vous désabonner en tout temps. Tout don nous aidera à poursuivre notre travail.support-usVous pouvez également faire un don unique ou donner mensuellement par Paypal en cliquant sur le bouton ci-dessous. Vous hésitez à donner? Consulter la page sur nos nombreuses Réalisations et Acquis depuis 2002. Merci de votre générosité!