Nouvelles de la CSILC

Une Coalition canadienne de défense des libertés civiles dénonce et appelle à la fin de la liste des entités terroristes

ACTION

Le mardi 15 octobre 2024, le gouvernement canadien a inscrit le Réseau de solidarité avec les prisonniers palestiniens Samidoun sur la liste des entités terroristes du Canada.

Bien qu’il s’agisse ostensiblement d’un outil destiné à protéger la sécurité des personnes au Canada et dans le monde, la liste des entités terroristes est un outil politique arbitraire qui porte atteinte à la liberté d’association, à la liberté d’expression et à l’application régulière de la loi (due process) devant les tribunaux. Son efficacité en tant qu’outil de sécurité nationale n’a jamais été démontrée d’une manière qui justifie son utilisation.

En raison des profondes lacunes de la procédure d’inscription sur la liste des entités terroristes, la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles (CSILC) n’a cessé de demander l’abolition de ce régime depuis la création de la coalition canadienne en 2002.

L’inscription d’une organisation sur la liste est un processus secret et discrétionnaire par lequel le gouvernement peut prendre en compte n’importe quelle information, y compris des renseignements non vérifiés. L’inscription sur la liste permet au gouvernement de contourner les poursuites pénales ou les procès, plaçant le fardeau sur l’entité inscrite de contester les informations en question, dont la plupart sont tenues secrètes pour des « raisons de sécurité ». Il n’existe pas non plus de procédure cohérente pour contester une telle inscription à cette liste. Il en résulte une violation effective du principe de l’application régulière de la loi (due process) et de la présomption d’innocence.

Les conséquences de l’inscription sur la liste sont graves. Les avoirs sont gelés, toute utilisation de biens appartenant à l’organisation inscrite sur la liste ou contrôlés par elle constitue un délit, de même que la fourniture de toute forme de soutien financier ou en nature. De plus, l’inscription sur la liste stigmatise l’organisation et toute personne accusée d’y être associée en la qualifiant de « terroriste », quelles que soient ses actions personnelles, sans qu’il soit nécessaire de porter des accusations criminelles ou de prouver sa culpabilité devant un tribunal.

Dans les 24 heures qui ont suivi cette annonce, des appels ont déjà été lancés sur les médias sociaux pour qualifier de terroristes ou de partisans du terrorisme toute personne assistant à un événement ou s’associant à des personnes liées à Samidoun.

Comme il est illégal de soutenir une entité inscrite sur la liste de quelque manière que ce soit, y compris financièrement, cela signifie que l’organisation ne peut pas collecter de fonds ou payer un-e avocat-e pour organiser sa défense et contester l’inscription sur la liste des terroristes devant un tribunal. Il est donc extrêmement difficile, voire impossible, d’être retiré de la liste, ce qui constitue une fois de plus une violation du droit à un procès équitable.

La liste des entités terroristes est un instrument politique, souvent utilisé de manière discrétionnaire pour servir les intérêts géopolitiques du Canada et de ses alliés.

Historiquement, la liste sert à détourner l’attention de la violence exercée par les gouvernements sur leurs propres populations et sur les populations d’autres pays, par le biais de l’action militaire et de la répression par les forces de sécurité nationales et de la police, comme cela a été le cas pendant la longue « guerre contre le terrorisme ». Cette liste renforce la politique de deux poids deux mesures qui consiste à autoriser la violence et la répression des libertés civiles, au nom de la lutte contre le terrorisme, de la part du Canada et de ses alliés, tout en criminalisant les réactions à cette violence, ou même les critiques pacifiques de cette violence.

Si le gouvernement canadien estime que des organisations et des individus représentent une menace pour le public, ces preuves doivent être présentées en audience publique, où les accusé-es peuvent se défendre de manière appropriée contre les accusations.

La CSILC réitère son appel à l’abolition du régime de la liste des entités terroristes du Canada. L’utilisation de processus d’inscription secret doit cesser.


La CSILC est une coalition nationale de 44 organisations canadiennes de la société civile : ONG, syndicats, associations professionnelles, groupes confessionnels, organisations environnementales, de défense des droits humains et des libertés civiles, ainsi que de groupes représentant les communautés d’immigrant-es et de réfugié-es au Canada. Notre mandat est de défendre les libertés civiles et les droits humains dans le contexte de la soi-disant « guerre contre le terrorisme ».

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Lancement à Montréal: Défendre les libertés civiles à l’ère de la sécurité nationale et de la guerre au terrorisme

Lancement francophone montréalais de la publication 20e anniversaire de la CSILC – Défendre les libertés civiles à l’ère de la sécurité nationale et de la guerre au terrorisme – présentant son travail depuis 2002 et les défis qui s’annoncent.

Vous pouvez lire la publication en ligne ou en commander une copie papier ici.

Panélistes

  • Dominique Peschard, co-président de CSILC depuis 2012, militant à la LDL et président de la LDL de 2007 à 2015, a parlé du travail de la CSILC concernant la Loi antiterroriste de 2001, l’affaire Maher Arar, la liste d’interdiction de vol, les détenu.es canadien.nes en Syrie, la surveillance des populations, et la répression de la dissidence autochtone et écologiste.
  • Tim McSorley, coordonnateur de la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles (CSILC) depuis 2016, a parlé de l’utilisation et le renforcement de pouvoirs et d’outils antiterroristes problématiques pour soi-disant combattre le racisme et l’ingérence étrangère (avec la nouvelle loi C-70), qui se retourneront très certainement contre les populations marginalisées.
  • May Chiu, avocate et coordonnatrice de la Table ronde du quartier chinois de Montréal depuis 2022, a parlé des allégations sans preuves et dommageables d’ingérence étrangère de la GRC contre le Service à la Famille Chinoise du Grand Montréal.

À l’animation
Martine Éloy | Militante à la CSILC depuis sa fondation, militante à la LDL et membre du conseil d’administration de la LDL de 2002 à 2022

Merci!

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Les droits garantis par la Charte seront menacés si le Sénat ne modifie pas le projet de loi sur l’ingérence étrangère

Les droits garantis par la Charte seront menacés si le Sénat ne modifie pas le projet de loi sur l’ingérence étrangère

S’ils n’agissent pas, nous le ferons, disent des groupes de la société civile

19 JUIN 2024 – Dans sa hâte de faire, et d’être perçue comme faisant, quelque chose au sujet du problème très réel de l’ingérence étrangère, la Chambre des communes a adopté en quelques heures le projet de loi C-70, Loi concernant la lutte contre l’ingérence étrangère, lequel est bien intentionné mais profondément défectueux. Soumis à une pression énorme, il semble que le Sénat fera de même aujourd’hui.

En raison de son libellé vague et mal formulé, le projet de loi aura probablement des répercussions importantes – de façon directe et sous la forme d’un effet dissuasif – sur la liberté d’expression, la liberté d’association, la liberté de réunion et le droit à la vie privée, et il pourrait bien être utilisé pour profiler des personnes pour des motifs politiques, raciaux, religieux ou de nationalité. La loi permettra de saper la liberté académique, la liberté de presse, le droit de manifester et de s’engager dans la dissidence, ainsi que des efforts de coopération et de solidarité internationales.

Cela pourrait signifier de mettre fin à des manifestations légitimes perçues par les forces de l’ordre comme étant organisées au profit d’un État étranger. Cela pourrait également signifier d’obliger les universités à fournir des informations au Registre en matière d’influence étrangère si elles travaillent sur un projet de recherche en association avec une université étrangère qui se trouve à être la propriété d’un État étranger.

Si le Sénat manque à sa responsabilité à titre de chambre du second examen objectif en adoptant le projet de loi C-70 sans prendre le temps de l’étudier et de l’amender adéquatement, le Centre pour la liberté d’expression et la Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles prévoient de créer un mécanisme surveillant l’utilisation qui sera faite de la loi.

Il s’agira d’un portail web où les individus pourront signaler les cas où ils estiment que leurs droits à la vie privée, à la liberté d’expression, à la liberté de réunion ou à la liberté d’association, protégés par la Charte ainsi que par le droit international, ont été violés dans le cadre de cette nouvelle loi.

Les informations communiquées resteront confidentielles et seront utilisées pour suivre et rendre compte (sans identifier les personnes concernées et en garantissant l’anonymat sur demande) de l’impact de la Loi concernant la lutte contre l’ingérence étrangère. Bien qu’il ne soit pas possible de garantir quelque soutien juridique ou autre, tous les rapports seront examinés et, le cas échéant, il sera possible d’assurer un suivi avec les personnes concernées en vue d’une action ultérieure (communication aux médias, action en justice, etc.).

L’objectif déclaré de la nouvelle législation canadienne sur l’ingérence étrangère est de protéger la participation et les processus démocratiques au Canada. Cet objectif ne peut être atteint si, de façon concomitante, la législation permet de porter atteinte à ces mêmes droits. Le portail aidera à s’assurer de la protection des droits des Canadiens.

Signataires :

Amnistie Internationale, Section canadienne anglophone
Association canadienne des libertés civiles
Association canadienne des professeures et professeurs d’université
Association des libertés civiles de la Colombie-Britannique
Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles
Conseil canadien des affaires publiques musulmanes
Conseil du Canada de l’accès et la vie privée
Centre pour la liberté d’expression
OpenMedia
Voix juives indépendantes Canada

– 30 –

Pour plus d’informations :

Tim McSorley
Coordinateur national
Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles
613-241-5298
national.coordination@iclmg.ca

Jim Turk
Directeur
Centre pour la liberté d’expression
613-277-0488
jim@jameslturk.com

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