Pourquoi les États-Unis s’inquiétaient-ils plus que le Canada du sort d’Omar Khadr?

OmarPar Monia Mazigh – C’est officiel : les courriels d’Hilary Clinton ont commencé à affluer dans l’arène publique. Aujourd’hui, le Globe and Mail a rapporté le contenu de certains de ces courriels et la découverte est choquante. En fait, pas vraiment. Honteuse est plus juste!

Plusieurs militants et groupes de défense des droits humains savaient que le gouvernement canadien empêchait qu’Omar Khadr ne soit rapatrié au Canada, mais ils ne savaient pas que les Américains ont été très enthousiastes et heureux qu’il revienne au Canada. Un responsable américain, le conseiller juridique du Département d’Etat, Harod Koh, s’exclama:

“Je suis tellement content que ce soit fait”. “Après avoir passé les 10 dernières années à GTMO (Guantanamo), au moins ce jeune homme a enfin une autre chance.”

Ceci est en contradiction totale avec ce que les responsables canadiens ont essayé tant bien que mal de nous faire croire. Par exemple, comparer cette réaction américaine à celle du ministre de la Justice du Canada, Vic Toews, au moment où Omar Khadr a été rapatrié au Canada:

“Je ne suis pas d’accord qu’il était un enfant soldat dans le sens où il a été en quelque sorte induit en erreur… la preuve est très claire. Il a été reconnu coupable de meurtre, il est un terroriste et c’Est sur cette base que nous l’avons rapatrié”.

Même si ce sont des responsables américains qui ont arrêté Omar Khadr en Afghanistan et l’ont gardé dans la base de Bagram avant de le transférer à Guantanamo, la position du Canada n’a jamais été claire ou éthique. Tout d’abord, les responsables canadiens sont allés l’interroger et ont essayé de le “soudoyer” avec un hamburger dans une salle de Guantanamo afin qu’il parle. Ensuite, les politiciens, d’abord sous le gouvernement libéral et, plus tard, sous les Conservateurs, ont catégoriquement refusé de le rapatrier. Le Canada est devenu le seul pays occidental à ne pas rapatrier l’un de ses propres citoyens.

Le 24 mars 2012, le New York Times a rapporté que le gouvernement canadien était responsable des retards constants dans le rapatriement de Khadr. La pétition initiée par le sénateur Dallaire a rassemblé 35 000 signatures. Khadr a été transféré au Canada le 29 septembre 2012 afin qu’il y purge le reste de sa peine. Service correctionnel Canada a refusé à plusieurs reprises de laisser les journalistes parler à Khadr en prison. Toews a justifié cela en prétendant qu’une entrevue pourrait interférer avec le plan de traitement de Khadr, présenter un risque de sécurité, ou être autrement perturbatrice.

Ensuite, l’ancien Premier ministre Stephen Harper a gardé le lancement d’une bataille juridique après l’autre en essayant de garder Omar Khadr en prison et lui souhaitant d’être jugé comme un adulte, par opposition à un adolescent, dont il était au moment de son arrestation.

Donc, la question aujourd’hui est: quelle est la raison de cette attitude vindicative qui empêchait un enfant soldat d’avoir une «deuxième chance»? Le Canada essayait-il vraiment de plaire à son allié américain, même s’il ne voulait plus d’Omar Khadr à la prison de Guantanamo, ou essayait-il plutôt de plaire à sa base politique et de renforcer son agenda politique de la loi et de l’ordre au détriment d’Omar Khadr?

Aujourd’hui, Omar Khadr est un homme libre, il étudie à l’université et essaie d’obtenir cette «deuxième chance». Pendant ce temps, Vic Toews et Stephen Harper ne sont pas tenus responsables de leurs actes d’ingérence politique qui ont peut-être empêché ou de retardé le processus de rapatriement de Khadr.

Ils devraient être tenus responsables. Les Canadien.nes ont le droit d’obtenir des réponses!