Le texte ci-dessous est une version écourtée du texte original anglais traduit par Dominique Peschard et Martine Éloy.
Lors de la présente campagne électorale, la question des tarifs et les menaces d’annexion de la part de Donald Trump et, encore plus important, le choix de la riposte du Canada, sont au cœur des débats.
Nous ne devons pas permettre que les prétextes avancés pour ces tarifs et ces menaces – soit la prétendue nécessitée de protéger la frontière nord, sur la base de craintes exagérées et de purs mensonges sur la contrebande de stupéfiants et la migration irrégulière, soient passer sous silence. Et nous devons contester les mesures d’urgences qui ont été mises en place pour y répondre.
La Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles (CSILC) a été formée dans la foulée de l’adoption précipitée de la Loi antiterroriste de 2001 et du déferlement de mesures de sécurité et de surveillance, du profilage racial et des violations des libertés qui ont suivi. Nous disons sans détour : cela a un air de déjà-vu et nous devons nous opposer au réflexe d’augmenter les mesures de sécurité et de d’intégrer encore plus profondément le Canada dans l’appareil sécuritaire des États-Unis. Nous ne serons pas protégé-es des menaces de Trump en sapant encore plus nos droits et libertés.
L’appareil de sécurité du Canada a systématiquement exploité nos peurs pour obtenir plus de pouvoirs et de ressources, ce qui a entrainé une explosion des pouvoirs de surveillance, la militarisation des frontières, la criminalisation de la dissidence et l’érosion de l’état de droit.
Dans le nouveau Plan frontalier du Canada, les migrant-es et les demandeur-es d’asile servent de boucs émissaires, et leur quête de protection et d’une vie meilleure est assimilée à la criminalité. L’approche sécuritaire du Canada occulte le fait que les migrations irrégulières et la contrebande de stupéfiants sont des questions de droits humains et de santé publique qui devraient être traitées comme telles à travers des programmes sociaux, et non au moyen de gardes frontaliers, d’espion-nes et d’hélicoptères Blackhawk.
Les mesures proposées par le gouvernement fédéral ne font qu’enchevêtrer davantage le Canada dans l’appareil sécuritaire des États-Unis à un moment où cela est plus dangereux que jamais.
Nous demandons au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour dissocier la sécurité nationale du Canada de l’autoritarisme en cours aux États-Unis et de mettre en place des mesures pour protéger les droits des personnes au Canada. Ceci implique de :
- Reconsidérer et restreindre les accords de partage de renseignements avec les États-Unis et d’autres agences de sécurité nationale étrangères, notamment les Five Eyes.
- Mettre fin aux négociations entourant le Canada-US CLOUD Act qui permettrait aux autorités policières des É-U d’émettre des demandes de données et de surveillance, directement à des entreprises au Canada, sans mandat et sans supervision judiciaire canadienne.
- Mettre fin à l’entente sur les tiers pays sûrs. On ne peut pas participer au refoulement aux É-U de personnes cherchant l’asile, sachant qu’elles font face à des procédures injustes, des violations de droits, des détentions abusives et probablement des déportations sans recours.
- Réallouer les milliards prévus pour la sécurité frontalière afin de répondre aux véritables besoins des Canadien-nes.
- Réviser les politiques canadiennes afin d’être protégé-es contre la surveillance étatique et contre les tentatives d’affaiblir le chiffrement, et afin de réglementer l’intelligence artificielle.
- Résister aux pressions visant à étendre le recours aux mesures antiterroristes. Cela inclut l’ajout récent d’organisations criminelles à la liste des entités terroristes discrétionnaire, politisée et violant la procédure régulière; ce qui élargit également de manière problématique la définition du terrorisme.
- Protéger la liberté d’expression et le droit à la dissidence, y inclus en dénonçant la répression au sud de la frontière et en corrigeant les lois canadiennes sur la « sécurité nationale » dont la portée démesurée permet la surveillance, le partage d’information, et les arrestations simplement pour avoir posé des gestes relevant de la liberté d’expression.
- Mettre rapidement sur pied le nouvel organe d’examen indépendant pour l’Agence des services frontaliers (ASF) et la GRC.
Compte tenu du nouveau contexte international, le gouvernement fédéral à venir devrait tenir une consultation publique sur ce que devrait être la politique de sécurité nationale du Canada.
La présidence de Trump est un avertissement retentissant des dangers que comportent un système policier et de sécurité nationale doté d’immenses pouvoirs. On ne sait jamais dans quelles mains il pourrait tomber.
Cela étant dit, nous ne devons pas laisser notre voisin hostile nous faire oublier les abus de pouvoir dans notre propre pays. L’appareil de sécurité du Canada a été utilisé à plusieurs reprises pour violer les droits des Canadien-nes. Cela va de la complicité dans la détention et la torture de Canadiens à l’étranger à la collecte illégale de données personnelles et la surveillance d’activités en ligne, au harcèlement et à l’arrestation de journalistes, de défenseur-es autochtones de la Terre et d’opposant-es au génocide, ainsi que l’utilisation de la reconnaissance faciale sans autorisation et sans contrôle.
Le temps est venu de tracer notre propre voie fondée sur les droits humains et les libertés civiles, en protégeant les personnes vulnérables et en investissant dans les programmes sociaux qui produisent une véritable sécurité humaine.
Puisque vous êtes ici…… nous avons une faveur à vous demander. À la CSILC, nous travaillons sans relâche afin de protéger et promouvoir les droits humains et les libertés civiles dans le contexte de la soi-disant “guerre au terrorisme” au Canada. Nous ne recevons aucune aide financière des gouvernements municipaux, provinciaux et fédéral, ni d’aucun parti politique.Vous pouvez devenir notre mécène sur Patreon et recevoir des récompenses en échange de votre soutien. Vous pouvez donner aussi peu que 1$ par mois (c’est seulement 12$ par année!) et vous pouvez vous désabonner en tout temps. Tout don nous aidera à poursuivre notre travail. |