MISE À JOUR: Mohamed Fahmy et son collègue d’Al Jazeera Baher Mohamed ont été graciés par le Président égyptien le 23 septembre 2015 et relâchés. Fahmy est maintenant de retour au Canada.
Le 8 septembre 2015
Honorable Premier ministre du Canada, M. Stephen Harper
Chambre des communes
Ottawa (Ontario) K1A 0A6
Cher premier ministre Harper,
Sujet: Le journaliste canadien Mohamed Fahmy
Nous vous écrivons aujourd’hui pour ajouter nos voix à celles de la famille de Mohamed Fahmy, de son équipe juridique et des organisations de droits de la personne à travers le monde qui se positionnent en solidarité avec M. Fahmy. Comme eux, nous vous implorons de vous impliquer personnellement et immédiatement pour assurer que M. Fahmy soit rapidement déporté au Canada.
La condamnation par le tribunal égyptien et la sentence de trois ans de prison de M. Fahmy, accusé pour son travail en tant que journaliste, a été décrit comme « un verdict grotesque qui attaque directement la liberté d’expression ». Les accusations qui pèsent contre M. Fahmy et ses collègues sont sans fondement et politisées. Ces journalistes n’auraient jamais dû être arrêtés et jugés.
Ces sentiments sont partagés par des gouvernements à travers le monde, incluant les États-Unis, la Grande- Bretagne, l’Union européenne et de nombreuses organisations comme l’ONU qui se consacrent au respect des droits de la personne et à la liberté de la presse.
Le ministre de l’État a déjà exprimé sa «déception » face à ce verdict qui «compromet sérieusement notre confiance en l’État de droit du régime égyptien ». En effet, il est indiscutable que M. Fahmy n’a pas eu droit à de procédures équitables. Il a été condamné sur la base de preuves tellement piètres et biaisées qu’elles frôlent l’absurde.
La communauté internationale sait que M. Fahmy est une victime innocente, embourbée dans un cauchemar politique. Il est en prison pour avoir simplement fait son travail. Le monde sait aussi que les conditions de détention dans l’infâme prison égyptienne Tora posent une menace certaine pour sa santé et sa sécurité.
L’équipe juridique de M. Fahmy, appuyée par des experts internationaux, est unanime en disant que le seul espoir pour la relâche de M. Fahmy réside dans une intervention soutenue de votre part auprès du président égyptien al-Sisi. «Le président égyptien doit entendre la voix de notre premier ministre fermement, régulièrement et constamment » a dit Alex Neve, le secrétaire général d‘Amnistie Internationale.
Le passé en témoigne. Maher Arar a été libéré d’une prison syrienne quand le bureau du premier ministre s’est impliqué directement dans son dossier. Peter Greste, arrêté avec M. Fahmy en juin 2014 et faisant face aux mêmes accusations, est retourné chez lui il y a sept mois suite à l’intervention directe du premier ministre australien Tony Abbott.
Bien que nous reconnaissions et appréciions ce que le Canada a fait à ce jour – incluant les services consulaires au Caire et les déclarations répétées du ministre de l’État exprimant ses préoccupations – il est clair que de nouveaux efforts sont requis.
Nous vous exhortons à entrer en contact avec le président al-Sisi pour que M. Fahmy puisse revenir rapidement au Canada en toute sécurité. Ça va au cœur de ce que c’est d’être canadien : respecter l’État de droit et s’assurer que nos concitoyens soient hors de danger.
Nous vous demandons de respecter ces engagements fondamentaux dans le cas de M. Fahmy.
Sincèrement,
Conseil national des Canadiens musulmans
Coalition pour la surveillance internationale des libertés civiles
L’Honorable Louise Arbour, C.C., G.O.Q.
Paul D. Copeland, C.M.
Marlys Edwardh, C.M.
Atom Egoyan, O.C.
John Fraser, C.M.
Le Très Honorable Paul Martin, P.C., C.C.
Rick Mercer, O.C.
Alex Neve, O.C.
Michael Ondaatje, O.C.
Stewart Phillip
Sarah Polley, O.C.
John Ralston Saul, C.C., O.Ont.
Voir la liste complète des signataires ici.